Qu'en penser ? Tout d'abord que ce texte très technique ne s'adresse de prime abord qu'aux Archives municipales, départementales, nationales et d'Outre-Mer, des Archives des Affaires Etrangères et des archives de la Défense, et règlemente les capacités de diffusion d'images et d'indexation des données.

Comme évoqué par les autres blogueurs, la loi de communicabilité réduite à 75 ans en 2008 se voit contrecarrée par une diffusion internet remontée à 100 ans et une indexation remontée à 120 ans ! De plus les informations sensibles (origine ethnique, santé, opinion politique ou religieuse) ne peut être diffusée si elle a moins de 150 ans !

Comment le site du ministère de la défense qui recense les soldats morts pour la France (Mémoire des Hommes) pourra-t-il continuer à diffuser les fiches des soldats morts en 1914-1918, ces données ont moins de 100 ans, de plus elles sont indexées (puisqu'on arrive sur la fiche de l'individu en tapant son nom), ce qui devrait en toute logique interdire leur diffusion jusqu'en 2038 !

La question de la ré-indexation (c'est à dire par un moteur de recherche extérieur au site) est également très encadré et porté à 120 ans ! Cela doit obliger les sites des archives à modifier leurs scripts et affichages pour interdire la réindexation. Par exemple des indexations fournies en pdf sont ré-indexables il faudra les mettre en base de données... Les archives du Haut-Rhin devront modifier leur diffusion de la liste des victimes des deux guerres mondiales des communes du Haut-Rhin liste déjà en ligne depuis 2006 et donc sans doute ré-indexée déjà par tous les moteurs de recherche existants....

L'effet pervers de la limitation à 150 ans pour les données sensibles, c'est que tous les registres paroissiaux donnent par déduction la religion des personnes y figurant. Il serait donc interdit de diffuser des registres paroissiaux (ou de les indexer) s'ils datent d'après 1862. Ca ne va pas arranger par exemple les chercheurs des AD des Ardennes qui complètent les registres d'état-civil, incomplets du fait des destructions, par les registres paroissiaux.

Par extension, il est néanmoins à craindre que les sites des associations soient également touchés par ces limitations. Je vois mal qu'on interdise aux archives la possibilité d'indexer des données récentes mais qu'on l'autorise aux associations.

Cela voudrait dire par exemple pour FranceGenWeb, supprimer toutes les données postérieures à 1862 dans FGW-Protestants et FGW-Cultes (150 ans pour cause de données sensibles), pour FGW-Mémorial il faudrait limiter l'indexation à 1937 (75 ans pour des décès et ne pas y faire figurer les naissances qui sont postérieures à 1892 et supprimer les photos individuelles), l'indexation de FGW-Entraide, FGW-Actes-en-Vrac et FGW-Migranet devrait fonctionner avec des dates variables entre 1862 et 1937 suivant les types d'actes {150 ans pour des actes religieux, 120 ans pour les actes de naissance, 100 ans pour les mariages, 75 ans pour les décès, 120 ans pour tout le reste}, FGW-Photo devrait sans doute fermer {ou se limiter aux photos de plus de 120 ans !}, FGW-Maires et FGW-Notaires supprimer toutes les infos de moins de 120 ans.

J'espère que ma vision des choses est trop pessimiste mais cet avis édicté par un organisme non élu et qui aurait force de loi est fortement liberticide puisqu'elle fait plus qu'annuler les effets de la loi de 2008 comme le souligne Me Pellan sur le blog de la FFG. Il convient que les associations réagissent et diffusent auprès des députés tous les arguments qui montrent que cette commission s'évertue à dénouer une loi révisée en 2008 pour faciliter les démarches.